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Quelles sont les techniques de facilitation de groupe ?

Question | Focus thématiques

30 min

Niveau de participation
Co-décision | Délégation


Action de participation
Exprimer une opinion | Construire un avis collectif | Prendre des décisions


Valeurs démocratiques
Inclusion | Transparence | Lien social


La facilitation de groupe a pour but de créer les conditions pour faire émerger une dynamique collaborative autour d’une question ou d’un projet. 

Il existe de nombreuses techniques de facilitation. Parfois, des appellations différentes correspondent à des processus relativement similaires. En fonction de l'objectif de l'exercice, de la taille du groupe et du matériel à disposition, différentes techniques d'animation peuvent être utilisées, ces techniques peuvent également être combinées durant différentes séquences d’une même démarche participative. 

Ce focus thématique synthétise des éléments mis à disposition via différents guides accessibles en ligne. Les sources consultées pour réaliser cette sélection sont consultables en fin d’article.  

Pour aller plus loin, voir la page « Ressources externes ». 

Vous souhaitez trouver un prestataires pour faciliter votre processus? voir la page Centrale de marchés.

World Café

Objectif : Faire discuter et contribuer des personnes en recomposant différents petits groupes en plusieurs tours de table dans une ambiance décontractée 

Nombre de participant·es : 5 à 200  

Temps : 1h à 2h selon le nombre de participants 

Matériel : paperboards, posters, nappes, feutres 

En ligne : https://participedia.net/method/167  

A group of people sitting around tables

Description automatically generated

Lors d'un World Café, un groupe est divisée en plusieurs petits groupes de cinq à huit participants chacun autour d'une table ronde pour échanger des idées sur un thème donné, dans une atmosphère détendue. Il est recommandé de choisir une ou des questions ouvertes, dont les formulations incitent à une exploration créative des alternatives. Il faut éviter les formulations biaisées ou fermées qui limitent l’espace de la discussion.  

La discussion se déroule en plusieurs tours de table successifs de 20 à 30 minutes. Une sonnerie ou une musique vient marquer la fin d’un tour. À chaque nouveau tour, les participants changent de table. Les résultats de chaque tour et de chaque petit groupe sont documentés, par exemple sur des paperboards, des posters ou des nappes qui sont étalés sur la table. Les personnes sont invitées à écrire ou dessiner directement sur les nappes ou les supports.  

Une des personnes est invitée à rester à la table durant les changements, afin d’être la mémoire de la discussion précédente pour pouvoir si besoin, informer les nouveaux arrivants. Généralement, la première ronde commence par discuter de la question dans ses principes généraux, la deuxième ronde spécifie les solutions et la troisième ronde discute finalement des mesures à prendre pour répondre à la question. 

Enfin, les résultats sont présentés et discutés en séance plénière. Il est important de lever les barrières à la participation en utilisant des salles de réunion accessibles, un langage simple, des facilitateurs et, si besoin, des traducteurs. 

Discussion en bocal à poissons (fishbowl)

Objectif : Explorer une question collectivement et développer une écoute attentive. 

Nombre de participant·es : 5 à 15 

Temps : 30 min – 1h30  

Matériel : chaise, bloc-notes et stylo pour chaque participant  

En ligne : fiche fishbowl wikipediafish

 

La discussion en bocal à poissons est une technique participative qui favorise le dialogue ouvert, l'échange d'idées et l’écoute active entre les participants.  

Des chaises sont disposées en deux cercles. Le cercle intérieur représente le « bocal » où se déroule la discussion collective, tandis que le cercle extérieur est réservé à l’observation et la réflexion individuelle.   

Un petit groupe de participants est choisi pour s'asseoir dans le cercle intérieur et participer à la discussion. Le sujet à débattre est présenté par l'animateur, qui invite ensuite les participants du cercle intérieur à partager leurs réflexions, leurs points de vue ou leurs expériences.  

Les participants sont encouragés à parler un par un et à écouter activement les autres lorsqu'ils s'expriment. Les participants du cercle extérieur observent la discussion en silence. Ils peuvent prendre des notes et préparer des questions ou des réflexions qu'ils partageront plus tard. Il est également possible de laisser une chaise libre à l'intérieur du cercle intérieur pour qu'une personne du cercle extérieur puisse s'y asseoir si elle souhaite ajouter quelque chose à la discussion. 

Après une période déterminée ou lorsque certains critères sont remplis (par exemple, lorsque chaque participant du cercle intérieur a eu l'occasion de s'exprimer), l'animateur peut inviter un ou plusieurs participants du cercle extérieur à rejoindre le cercle intérieur et à contribuer à la discussion. Cette rotation se poursuit tout au long de la session, les participants du cercle extérieur rejoignant et quittant le cercle intérieur selon les besoins. 

Le facilitateur conclut la discussion en résumant les points clés ou les thèmes qui ont émergés et en invitant les participants à faire part de leurs réflexions ou commentaires finaux. Si besoin, cette méthode peut également être utilisée en ligne avec des outils numériques tel que Miro, Mural ou Klaxoon afin de visualiser la discussion. 

Carte mentale (Mind Mapping) 

Objectif : explorer la créativité du groupe ; approfondir une idée en visualisant tous ses aspects ; hiérarchiser et mettre en relation des idées. 

Nombre de participant·es : 2 à 6 

Temps : 15 – 30 min 

Matériel : Post-it, whiteboard, paperboard, flipchart ou papier en grand format, marqueurs 

Remarque : Si l’exercice doit avoir lieu en ligne ou dans l’optique de réaliser un compte-rendu, il est possible d’utiliser un outil de carte mentale numérique tel que MindMeister, XMind, Miro. 

Sketched colorful VECTOR mind mapping template.

Illustration : https://stock.adobe.com/be_fr/search?k=mind+map&search_type=usertyped&asset_id=181157555 

La carte mentale est une technique permettant d'organiser visuellement l'information autour d'un concept central en traçant des lignes pour représenter les relations et les idées. 

Dans un premier temps, le sujet ou le concept central autour duquel tournera la carte mentale doit être identifié. Il peut s'agir d'un problème à résoudre, d'un concept à explorer ou d'un projet à planifier. Le sujet est écrit ou dessiné sur un grand tableau blanc, un tableau à feuilles. Il s'agit du point central de la carte mentale.  

Ensuite, les participants sont encouragés à lancer des idées, des mots-clés ou des concepts liés au sujet central.  

Chaque idée peut ensuite être positionnée pour se ramifier à partir du nœud central comme une branche distincte. Au fur et à mesure que les participants apportent des idées, les concepts connexes peuvent être reliés en traçant des lignes ou des branches entre eux. Des couleurs ou des styles différents peuvent être utilisés pour distinguer les différents types de relations (par exemple, cause et effet, hiérarchie ou similitude).  

La carte mentale se développe ainsi en ajoutant des sous-branches et en approfondissant chaque idée ou concept. Elle permet de faire émerger des ensembles représentant les enjeux principaux du problème exploré.  

Les participants sont amenés à explorer les liens entre les différentes branches et à développer les idées existantes. Une fois que la carte mentale est suffisamment développée, elle est passé en revue en groupe afin d'identifier des modèles, des lacunes ou des domaines à approfondir. A la fin de l’exercice, les idées clés sont résumées et les mesures à prendre ou les prochaines étapes sont identifiées. 

La facilitation graphique

Objectif : Collecter des idées et les illustrer par des dessins 

Nombre de participant·es : 2 à 200 et un dessinateur (à partir de 100 participants, un deuxième dessinateur est nécessaire)  

Temps : 15 min – 3h  

Matériel : papier en grand format, paperboard, feutres ou une tablette numérique connectée à un écran. 

A close-up of a graphic

Description automatically generated

Illustration : un exemple de facilitation graphique lors du colloque, « Commissions délibératives : l’innovation démocratique à la sauce bruxelloise », 08.02.24, en ligne : https://www.parlement.brussels/publication-actes-colloque-commissions-deliberatives-linnovation-democratique-a-sauce-bruxelloise/ 

La facilitation visuelle ou facilitation graphique consiste à capturer les points clés, les idées et les discussions en temps réel par des représentations visuelles telles que des dessins, des diagrammes et des croquis. Il s’agit d’une prise de notes en images. 

Avant la séance, le dessinateur doit se familiariser avec le sujet ou l'objet à discuter ainsi qu'avec les objectifs de l'atelier afin d'être préparé aux principaux points qui pourraient survenir pendant la discussion. 

Il convient d'aménager un endroit d'où les participants peuvent voir facilement les croquis en cours. Il peut s'agir d'un grand tableau blanc, de papier pour flipchart ou d'une tablette à dessin numérique reliée à un écran. Le dessinateur écoute activement les participants au cours de leurs discussions et note les principaux points, idées, thèmes et conclusions. Des éléments visuels tels que des dessins, des icônes, des symboles et des titres courts sont utilisés pour présenter ces concepts de manière attrayante et même amusante. La facilitation visuelle peut aider à détendre l'atmosphère, à débloquer la discussion ou à aborder le sujet sous d'autres angles. Les différents croquis peuvent être disposés spatialement sur un tableau ou un écran afin de créer une représentation cohérente et visuellement attrayante de la discussion. Les relations spatiales, les regroupements et les hiérarchies transmettent la structure et les relations entre les différentes idées d’une manière non-textuelle. Les participants peuvent également être encouragés à interagir avec le processus de dessin en leur demandant d'apporter des idées, de suggérer des métaphores visuelles ou d'expliquer des concepts. Cela favorise le sentiment d'appropriation et d'engagement des participants et garantit que la transcription reflète fidèlement leur point de vue. 

Si la réunion se déroule en ligne, des tableaux blancs numériques, des logiciels de partage d'écran ou des plateformes de vidéoconférence peuvent être utilisés pour faciliter l'interaction et l'engagement en temps réel avec les participants. 

Les six chapeaux 

Objectif : Mener une conversation structurée et prendre des décisions  

Nombre de participant·es : 5 à 10 

Temps : 45 min – 1h 

Matériel : Une fiche sur chaque chapeau pour expliquer sa signification, des feuilles pour écrire les contributions de discussion par chapeau, des feutres ou stylos de différentes couleurs pour illustrer chaque chapeau  

En ligne : https://participedia.net/method/4588  

La méthode des 6 chapeaux (également appelée « de Bono », du nom de son initiateur, développée par Edward de Bono), est une technique de dialogue et de résolution de problèmes qui permet de structurer et d'explorer différentes perspectives sur un problème ou une situation. Il faut prévoir environ 5 à 10 minutes par chapeau, en fonction des besoins de discussion des participants et de la complexité du sujet. 

Cette méthode est prétexte à un jeu de rôle qui aide à incarner différentes positions pour organiser un débat faisant le tour d’une question. Les chapeaux peuvent bien entendu être remplacés par d’autres artifices ou accessoires. 

Chapeau bleu (Organisation) : Ce chapeau est porté par un animateur pour modérer le groupe. Le chapeau est proposé au début afin de lancer le débat et à la fin de la discussion pour le clôturer. Il est chargé de résumer les contributions, de prendre du recul ainsi que de guider le groupe vers une conclusion ou une décision.  

Chapeau blanc (Faits, informations) : Les participants portent ce chapeau pour se concentrer sur les faits et les informations objectivables. Ils partagent des données et des informations autant que possible sans interprétation ni émotion. Il s'agit souvent de faits passés, que l'on peut par exemple visualiser à l'aide d'une chronologie. Cette étape est importante pour avoir une base de connaissances commune. 

Chapeau noir (Risques, obstacles) : Les participants portent ce chapeau pour identifier les risques, les obstacles et les aspects négatifs liés au sujet. Ils examinent les faiblesses et les défis potentiels à prendre en compte. Il faut veiller à ne pas rester trop longtemps avec ce chapeau pour ne pas plomber la conversation.  

Chapeau jaune (Avantages, bénéfices) : Ce chapeau encourage les participants à envisager exclusivement les aspects positifs, les opportunités et les avantages liés au sujet. Ils explorent les possibilités, les forces et les bénéfices potentiels. 

Chapeau rouge (Émotions, intuitions) : Ce chapeau permet aux participants d'exprimer leurs sentiments, intuitions et émotions par rapport au sujet. Ils peuvent partager leurs réactions instinctives et leurs préoccupations sans avoir à les justifier ou à les analyser. Si certains participants ne se sentent pas à l’aise pour partager leurs émotions, il n’y a pas d’obligation de le faire et il ne faut surtout pas les presser à le faire.  

Chapeau vert (créativité et idées  constructives) : Les participants portent ce chapeau pour générer des idées créatives, des solutions alternatives et des approches innovantes. Ce chapeau est tourné vers le futur et les participants sont amenés à explorer de nouvelles perspectives et à penser en dehors des sentiers battus. 

En fonction de la modération et du sujet à discuter, les chapeaux peuvent être disposés dans différents ordres, par exemple selon que l’on préfère commencer par les aspects négatifs, objectifs ou sensibles. Pour commencer ou terminer une séquence, on utilise le chapeau bleu. 

Le scénario catastrophe et le scénario de rêve

Objectif : explorer des perspectives contrastées extrêmes pour encourager la pensée critique 

Nombre de participant·es : 2 groupes de 4 à 8 personnes 

Temps : 1h.  

Matériel : feuilles, stylos, des post-it de couleurs différentes (une couleur pour le scenario de la catastrophe et une pour celui du rêve) 

Le scénario catastrophe et le scénario de rêve explorent des perspectives contrastées pour stimuler la discussion et encourager la pensée critique. On peut former deux groupes, l'un qui développe le scénario de rêve pour le sujet et l'autre qui réfléchit au scénario catastrophe pour le même sujet. 

Dans la méthode du scénario catastrophe, les participants sont invités à imaginer et à discuter du résultat le plus indésirable ou le plus catastrophique lié à une situation, une décision ou un plan d'action particulier. Cette approche permet d'identifier les risques potentiels, les vulnérabilités et les défis qui peuvent survenir et permet aux participants de réfléchir à des stratégies pour les atténuer ou les traiter. En se confrontant au scénario catastrophe et en l'explorant, les participants peuvent élaborer des plans d'urgence, anticiper les obstacles potentiels et renforcer leur préparation à des circonstances défavorables. Cette méthode encourage la résolution proactive des problèmes et la gestion des risques.  

A l’inverse, la méthode du scénario de rêve invite les participants à envisager et à formuler leur résultat idéal ou souhaité pour une situation, un projet ou une initiative spécifique. Ils sont encouragés à faire preuve de créativité et d'ouverture d'esprit en imaginant un état futur qui incarne leurs aspirations, valeurs et objectifs les plus élevés. Cette approche inspire l'optimisme, la motivation et un sentiment de possibilité parmi les participants et suscite l'enthousiasme et l'engagement à réaliser leur vision commune. En explorant le scénario de leurs rêves, les participants peuvent identifier des objectifs, des valeurs et des priorités communs et orienter leurs efforts vers un but convaincant et inspirant. Cette méthode favorise la collaboration, l'innovation et l'action collective. 

Pour utiliser cette méthode, les participants sont divisés en deux groupes, celui de la catastrophe et celui du rêve. Ils sont invités à écrire leurs idées en réflexion individuelle sur des post-it. Il convient de prévoir 5 minutes pour cette première étape. 

Ensuite, les participants discutent des différents post-it, expliquent leur propre positionnement et échangent avec les autres dans leur groupe. Il faut prévoir au moins 20 minutes pour cette étape (en fonction de la taille du groupe). 

Enfin, un ou deux participants sont désignés porte-paroles de leur groupe et ils font une présentation à l'ensemble du groupe afin que le groupe adverse apprenne leurs résultats. Ils discutent des avantages et des limites des deux approches et de la manière dont ils sont parvenus aux résultats. 

Le carrousel de discussion

Objectif : Faire connaître ou approfondir des idées et générer un retour des participants 

Nombre de participant·es : 2 à 200  

Temps : 30 min – 1h30  

Matériel : papier en grand format, paperboard, feutres et post-it 

Une discussion en carrousel est une méthode participative structurée utilisée pour faciliter la discussion et la recherche ou l’approfondissement d'idées dans un grand groupe de participants. Elle permet aux participants de rejoindre plusieurs discussions en petits groupes sur différents thèmes ou questions, en passant d'une station à l'autre comme dans un carrousel. 

Avant que la discussion ne commence sur le carrousel, l'animateur prépare une série de sujets de discussion en rapport avec le thème principal ou l'objectif de la réunion. S'il s'agit d'un processus de plusieurs jours, les thèmes qui ont déjà été traités en petits groupes le jour précédent peuvent également être intégrés. Dans ce cas, le carrousel sert à présenter les différentes discussions des petits groupes à l’ensemble du groupe. 

Aménagez le lieu où se déroulera la discussion de manière à ce que plusieurs espaces de discussion puissent être installés. Chacun doit pouvoir accueillir un petit groupe de participants et disposer d'un tableau à feuilles mobiles, d'un tableau blanc ou d'une autre surface d'écriture sur laquelle les participants qui passent à la station peuvent noter des ajouts et des nouvelles idées. Chaque participant peut commencer au poste de discussion de son choix et passer d'un poste à l'autre pendant le carrousel. 

S'il s'agit d'un carrousel pour présenter au grand groupe les résultats de la discussion des petits groupes, il y a un participant qui présente le contenu du poste et qui reste toujours en place pour exposer la discussion aux nouveaux arrivants. Idéalement, les post-its qui résument la discussion sont accompagnés de cartes mentales ou d'illustrations et de dessins sur les paperboards (créées par exemple par la facilitation visuelle). 

Après 10-15 minutes, les participants changent de station et passent à une nouvelle station où ils peuvent à nouveau explorer le sujet, dialoguer avec les participants du groupe et ajouter des idées et des remarques sur les paperboards. Ainsi, les participants ont non seulement la possibilité de prendre part à différentes discussions et d'apprendre des discussions de groupe auxquelles ils n'ont pas participé, mais ils peuvent également donner un retour aux autres groupes et apporter des modifications. 

À la fin du carrousel, il est possible de réunir l'ensemble du groupe et d'inviter chaque groupe à partager un bref résumé des points clés, des perspectives ou des idées générées au cours de leurs discussions. L'animateur peut également procéder à une synthèse afin d'identifier les thèmes communs, les modèles ou les priorités qui ont émergé dans les différentes stations. Les modifications apportées par les participants doivent être prises en compte dans les différents groupes et dans la suite de la discussion. 

Pour aller plus loin :

Les méthodes résumées sur cette page sont davantage développées dans de nombreux guides pratiques librement accessibles.