G1000 « We need to talk » - Participation.brussels

Contexte

Au début de l'année 2023, un consortium de six organisations de la société civile (Itinera, Groupe du Vendredi, Egmont Institute, LEVL, Aula Magna et G1000) s'est formé autour du projet « We Need To Talk » ; Ce projet vise à susciter un débat citoyen autour de la question du financement des partis politiques en Belgique, grâce à un panel de citoyens tirés au sort pour formuler et défendre une proposition de réforme.

Pour mener à bien le projet, les groupes de réflexion à l'initiative de « We Need To Talk » se sont associés à différents partenaires : l'agence DDB pour la campagne de communication, Glassroots pour la gestion du panel citoyen, MAS Research pour le tirage au sort des citoyennes et citoyens, De Wakkere Burger et Citoyenneté & Participation pour la stratégie participative, ainsi que Tree company pour l'utilisation de l'outil de participation en ligne Rhetoric.

Le thème du financement des partis a été retenu pour ce projet, notamment en raison de l’impasse politique dans laquelle la question se trouve, une impasse due au fait que les partis sont à la fois juges et parties sur ce point. Le sujet a aussi été choisi pour l'intérêt qu'il suscite chez les citoyens, pour son impact sur le fonctionnement politique et sa présence dans l'accord de gouvernement fédéral actuel.

Pour rappel, les partis politiques belges sont financés à hauteur de 75 millions d’euros annuels par des subventions publiques (soit 74 % de leur financement) et leurs dépenses ne sont pas fortement contrôlées. Il y a un consensus général sur la nécessité d’une réforme en la matière, mais le monde politique ne parvient pas à s’accorder. Les partis étant largement financés par les contribuables, il est apparu logique aux organisateurs de « We Need To Talk », d’un point de vue démocratique, de donner la parole aux citoyens à cet égard.

Objectifs

Les objectifs initiaux du projet « We Need To Talk » sont au nombre de quatre :

organiser un débat public à grande échelle à travers les médias nationaux ;
compiler dans un rapport des recommandations cohérentes et ambitieuses et formulées par un panel citoyen diversifié ;
faire avancer le débat politique pour aboutir à une réforme du financement des partis politiques sur base de ses recommandations ;
contribuer à réduire le fossé entre citoyens et politiciens.

Dans une perspective plus large, « We Need To Talk » vise à faire la démonstration de la compétence citoyenne : en donnant le temps et les moyens nécessaires à un groupe de citoyens aux profils diversifiés, ils et elles sont capables d'élaborer ensemble, au terme d'un débat éclairé, des propositions raisonnables et pertinentes sur des enjeux politiques complexes.

Formats de participation

Le débat citoyen « We Need To Talk » s’est déroulé en trois phases :

Campagne médiatique et discussion ouverte
Délibération du panel citoyen
Transmission des recommandations aux politiques

Phase 1 : discussion ouverte

Entre le 2 février et le 24 mars 2023, tous les citoyens intéressés ont été invités à exprimer leur opinion sur le financement des partis politiques à travers une « discussion publique » tenue par l'intermédiaire de l'outil en ligne Rhetoric, sur le site web weneedtotalk.be ainsi que dans des articles sur les sites de différents médias partenaires. Concrètement, l’utilisateur est invité à se positionner en faveur, en défaveur ou sans opinion par rapport à diverses propositions liées au financement des partis politiques. Il est invité à argumenter sa réponse et à se positionner vis-à-vis des arguments proposés par d’autres utilisateurs.

Les résultats de ce « débat public », compilés dans un « Rapport sur la discussion ouverte », a été transmis ultérieurement aux membres du panel citoyen pour alimenter leurs réflexions.

Cette phase de discussion ouverte est également accompagnée d’un effort important de communication vers les médias nationaux. La thématique et la méthode sont expliquées lors d’une conférence de presse et via un communiqué de presse.

Phase 2 : panel citoyen

Ensuite, entre le 25 mars et le 14 mai 2023, soixante citoyennes et citoyens tirés au sort se sont réunis durant trois week-ends pour débattre, formuler et se positionner sur des recommandations visant à réformer le système de financement des partis.

Lors du premier week-end, les membres du panel ont été informés sur la thématique par des experts. Les présidents ou des représentants des partis politiques sont venus présenter leurs positions et ont répondu aux questions des membres du panel.

La délibération, avec une alternance de travail en petits groupes et de séances en plénière a été menée par une équipe de facilitateurs professionnels. Le dernier après-midi du panel a été consacré au vote des recommandations. « We Need To Talk » s’est mis d’accord sur 34 recommandations.

Phase 3 : transmission

Enfin, durant la deuxième moitié du mois de mai 2023, les résultats du panel ont été présentés au grand public et aux acteurs concernés.

Mobilisation et recrutement

« We Need To Talk » a pu bénéficier d’une large couverture médiatique dès son lancement, à travers des relais dans la presse et dans les médias de service public au nord comme au sud du pays, permettant notamment à plus de 1 200 personnes de prendre part à la phase de discussion ouverte.

Pour le recrutement des membres du panel, la sélection s'est faite par tirage au sort stratifié en deux étapes. 16 200 courriers d'invitation ont d'abord été envoyés à un échantillon aléatoire à partir d'une base de données fournie par Infobel, en veillant à une répartition représentative de la population belge tenant compte des critères suivants : province, langue, genre, âge et classe sociale. Ensuite, 60 personnes ont été tirées au sort parmi les citoyens ayant répondu favorablement à la première invitation, en veillant à une juste répartition au regard de l'âge, du genre, du niveau d'études, du lieu de résidence et de l'origine.

Résultats et suites

À l'issue des trois week-ends de délibérations, 34 recommandations ont été formulées par le panel citoyen. Quatre porte-paroles désignés au sein des membres du panel ont porté les recommandations, compilées par les organisateurs dans un rapport public, au sein du Parlement, en participant à plusieurs réunions de la Commission sur la Constitution et le Renouveau institutionnel de la Chambre des Représentants.

Apprentissages

S'agissant d'une initiative « bottom-up », c’est-à-dire initiée par des acteurs de la société civile et non par un gouvernement, l'issue du projet « We Need To Talk » était incertaine. Il était bien prévu que les résultats du panel citoyen soient transmis aux acteurs concernés, les représentants et membres de partis politiques que sont les députés, mais rien ne pouvait être garanti en matière de suivi des recommandations, étant donné qu'il s'agit d'une compétence exclusive du gouvernement.

Afin de pallier cette absence de mandat politique préalable, un travail important de prise de contact avec les parties prenantes a été mené avant le lancement du projet et après la tenue du panel. Il s’agit de construire la légitimité du projet et de créer un soutien chez les parties prenantes les plus importantes.

Parmi les parties prenantes importantes, on compte notamment : les partis politiques par l’intermédiaire de leurs présidents ou leurs collaborateurs proches, mais aussi les instances législatives, comme la présidence de la Chambre et du Sénat ainsi que la présidence de la commission Constitution et renouveau institutionnel en charge du financement des partis.

Avant que l’initiative ne soit annoncée publiquement, les initiateurs ont présenté le projet à tous les présidents de parti en leur demandant du feedback et en les invitant à venir présenter leurs positions aux citoyens du panel. D’autres autorités politiques importantes, comme la présidente de la Chambre, ont également été consultées.

De même, les médias les plus importants pour ce sujet politique ont été consultés avant le lancement (RTBF, Le Soir, De Standaard, VRT). De façon générale, le travail de relation avec la presse a été intense et suivi pendant toute la durée du projet.

Après la tenue du panel, un comité de suivi s’est créé spontanément, sans intervention de l’équipe d’organisation, parmi les porte-paroles qui avaient été désignés par les citoyens eux-mêmes. À chaque occasion, des membres de ce comité de suivi organique se mobilisaient pour mener les visites au Parlement, dans les partis politiques, pour répondre aux sollicitations des médias, etc.

Un point important dont il faut tenir compte également est la proximité des élections. Les initiateurs en avaient tenu compte dans leur calendrier initial, cependant la période de transmission vers le politique et de négociations entre les partis a duré plus longtemps que prévu. Les organisateurs considèrent ainsi qu’il semble difficile, voire impossible, pour un gouvernement de s’engager sur des décisions juste avant le scrutin.

Le dossier a subi quelques rebondissements, en raison de l'absence d'accord au sein de la majorité politique sur les propositions de réforme du financement des partis, accroissant la défiance de certains citoyens vis-à-vis du monde politique. Par contre, "We Need To Talk" a bénéficié d'une grande attention de la part des médias et d’une notoriété importante dans le grand public, ce qui laisse espérer que le sujet continuera à être débattu à l'avenir.

G1000 « We need to talk »